1.
Voix off:
Nous savons que churinga sont des objets en pierre ou en bois, de forme approximativement ovale avec des extrémités pointues ou arrondies, souvent gravé de signes symboliques, et parfois aussi simples morceaux de bois ou galets non travaillés. Quel que soit son apparence, chaque churinga représente le corps physique d'un ancêtre déterminé, et il est solennellement donnée, génération après génération, à chaque être vivant qu'on croit être cet ancêtre réincarné. (Caude Levi-Strauss: La pensée sauvage)
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Carton:
le concept apparaît comme l'opérateur de l'ouverture de l'ensemble avec lequel on travaille, la signification comme l'opérateur de sa réorganisation: elle ne l'étend ni ne le renouvelle et se borne à obtenir le groupe de ses transformations.
(Anton Ehrenzweig)
L'une des plus grandes qualités des constructions et ensembles architecturaux est le passage harmonieux de certaines formes en d'autres.Une sorte de transvasement des unes dans les autres. Le rythme même et la mélodie des formes coulant harmonieusement l'une dans l'autre reflète dans le rapport des volumes et dans l'espace et dans la structure des matériaux l'image déterminée et dominante des conceptions sociales.
Si bien que l'édifice achevé exprime et incarne le contenu spirituel du peuple bâtisseur à une certaine étape de son évolution sociale et historique.
Et en ce sens, à des époques différentes, l'architecture est différemment expressive.Et de surcroit elle exprime au sens le plus concret du terme, une pensée ou une idée précise.Et cela parceque l'image est toujours socialement et historiquement déterminée et qu'elle exprime un certain contenu idéologique propre à une certaine époque. Et chacun de ces exemples avec une éloquence suprêment imagée, parlera de sa propre époque. De ses structures ou de ses aspirations profondes.
(Eisenstein in Piranèse ou la fluidité des formes)
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Emplacement pour une maison à usage situationniste.
Au point central de l'Allée des Cygnes à Paris, le socle de l'édifice serait le chemin de fer désaffecté qui coupe l'île, inutilement pour l'instant.La largeur de la maison est celle de l'île. Le passage déjà limité aux piétons par l'escalier qui commande le nord de l'île, continue sous la maison. Laquelle peut communiquer directement avec les deux rives, 15è et 16è arrondissement par les ponts qui se raccordent à ses faces latérales. Ce projet établissant une habitation permanente tend à rien moins qu'à peupler à l'exemple des stations de l'Antarctique, la troisième île de Paris jusqu'à ce jour déserte. (Internationale Situationniste)
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Faillite de l'insertion dialectique dans le réel, spatialisation et réification, caractérisent un ensemble dont l'expression clinique est la schizophrénie. Décadence de la dialectique de la totalité avec comme forme extrême la dissociation et décadence de la dialectique du devenir avec comme forme extrême la catatonie, semblent bien solidaires dans les tableaux cliniques de la schizophrénie. Comme si le tableau clinique de la réification s'était à son tour réifié. Ici se met en en scène la fausse sortie d'un autisme généralisé.
(Joseph Gabel in La Fausse conscience)
Sous-titres :
la blancheur d'un concept abstrait est l'oeuvre du processus secondaire.
la conscience doit laisser le concept sombrer dans sa matrice inconsciente
pour chercher de nouvelles connexions avec d'autres idées indifférenciées.
pour une vision inconsciente avec son pouvoir illimité de dédifférenciation.
une image individualisant la lumière dans les termes d'un nouveau modèle qui
ne serait ni ondulatoire ni corpusculaire mais les deux à la fois, ne présenterait
aucune difficulté, mais le processus secondaire ne peut pas encore transformer
cette structure sérielle fuyante en une abstraction fondée sur un scanning
discipliné de ses transversales complémentaires, qui transcendent
les distinctions actuelles. le schizophrène redoute la
dédifférenciation qui est à ses yeux équivalente à la mort.
Il n'a pas réussi à créer dans son inconscient
une matrice pour établir des réseaux inconscients.
tout ce qu'il sait fairen c'est copier le processus de dédifférenciation à un
niveau conscient ce qui est impossible si bien qu'il ne
réussit qu'à désagréger son imagerie rigide.
(Anton Ehrenzweig in L'ordre caché de l'art)
On a souvent décrit cette stupeur catatonique où toutes les machines semblent arrêtées
et où le schizophrène se fige dans des attitudes qu'il peut conserver des jours ou des années.
Et ce ne sont pas seulement les périodes de temps qui distinguent les types processuels et les moments de catatonie,
c'est à chaque moment qu'une lutte semble se produire entre le fonctionnement exacerbé des machines
et la stase catatonique du corps sans organe comme entre deux pôles de la schizophrénie.
Toujours une excitation, une impulsion se glissent au sein de la stupeur catatonique.
Toujours aussi de la stupeur et des stases catatoniques dans le fourmillement des machines
comme si le corps sans organes n'avait jamais fini de se rabattre sur les pulsions machiniques, comme si ....(le texte glisse sous la musique)
...métastables dans lequel un sujet passe.
( Deleuze-Guattari in L'Anti-Oedipe)
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Dans un paysage donné, et sous un angle donné, d'une minute à l'autre une infinité de formes passent. Comment débrouiller les formes, décrasser le paysage, par quel moyen scientifique rediviser la masse synthétique du temps et des formes pour, ayant choisi son angle, retrouver l'aspect absolument transitoire d'un paysage donné, sous un angle donné et à un certain moment. A le poser ainsi le problème paraît presqu'insoluble car il semble impossible de réduire les choses qui ont dix milliards d'aspects différents suivant la personne qui les voyait, le moment où elle les voyait et l'endroit où elle se trouvait placée, à un aspect un et suffisamment significatif, suffisamment matérialisé aussi pour être déterminé et capté.
Plutôt que des vues projetées quelque part, comme ces rochers des Alpes qui auraient retenu la trace visuelle ou optique du passage d'Annibal (et pourquoi pas la forme des innombrables nuages, des arbres courbés par les coups de vent, et le passage des muletiers et de troupeaux à travers le déroulement innombrable du temps - et le moyen alors de débrouiller tout cela, de faire le point et de retrouver les choses en l'état où elles étaient à la seconde qui nous intéressait), plutôt, dis-je, que cette vue projetée et plate, et comme prête pour les appareils de prise de vue, n'est-il pas plus philosophique de se représenter les choses suivant leur perspective intérieure et se déroulant visuellement sans étendue de l'espace comme au sens d'un miroir dans lequel personne ne regarderait.
(Antonin Artaud in Lettre à Léon Daudet)
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Mais voici le singulier. Cette opposition et cette tension, si elles coîncident un instant avec le processus n'ont cependant rien d'essentiellement commun avec lui, puisqu'elles ne correspondent pas avec le moment de son apparition, qu'elles appartiennent à la vie dans son ensemble, dont elles forment l'exigence la plus ferme et la plus consciente, l'intention constamment approfondie et soutenue, de sorte que la schizophrénie semble n'en être que la projection à un moment donné et sur un certain plan. Le point de la trajectoire où la vérité de l'existence dans son ensemble, devenue la pure affirmation poétique, sacrifie les conditions normales de la possibilité, continue à retentir du fond de l'impossible comme pure parole, la plus proche de l'indéterminé et cependant la plus haute, parole non fondéen fondée sur l'abîme. Ce qui s'annonce aussi par ce fait, c'est que le monde est détruit.
(Maurice Blanchot in La folie par excellence)
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English version
2.
Text continuity of the film ALLEE DES SIGNES from Gisèle & Luc MEICHLER
Voice:
We know that churinga are objects made of stone or wood, roughly oval shape with pointed ends or rounded, often engraved with symbolic signs, and sometimes also simple pieces of not worked wood or pebble . Whatever its appearance, each churinga represents the physical body of an determined ancestor, and it is solemnly given, generation after generation, to each human being believed to be living in this reincarnated ancestor . (Caude Levi-Strauss in Wild pansies )
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Text:
the concept appears as the operator of the opening of all with whom we work, signification as the operator of its reorganization: it extends nor renews and is confined to get the group of its transformations
(Anton Ehrenzweig)
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Voice:
One of the greatest qualities of buildings and architectural ensembles is the smooth passage of some forms to other ones. A sort of transfer of one another. The rhythm and melody of shapes flowing smoothly into one another reflects in the ratio of volume and space and structure of materials the determined and dominant image of social concepts.
So that the finished building expresses and embodies the spiritual content of the building people at a certain stage of its social and historical evolution.
In this sense, at different times, the architecture is differently expressive.It also expresses in the truest sense of the word, a précise thought or idea.And this, because the image is always socially and historically determined and it expresses a certain ideological content specific to a certain time. And each of these examples with a supremely imaginative eloquence, will speak of his own time. Of its structures or its deapest aspirations.
(Eisenstein in Piranesi or the fluidity of forms)
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Location for a house to situationist use.
In the midpoint of the Allée des Cygnes in Paris, the base of the building would be the disused railway which crosses the island, unnecessary for now. The width of the house is that one of the island. The already to pedestrians limited pass untill the stairs which controls the north of the island, continues under the house. Which can connect directly with both sides, 15th and 16th district, by the bridges that connect to its sides. This project which is establishing a permanent home tends to nothing less than to populate, as the example of the Antarctic stations, the third largest island in Paris until now deserted.
(International Situationist )
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Failure of dialectic integration in the real , spatialization and reification, characterize a set which clinical expression is schizophrenia. Decadence of the dialectic of totality, with dissociation as extreme form and decadence of the dialectic of becoming, with catatonia as extreme form, seem to be bound up in the clinical pictures of schizophrenia. As if the clinical picture of reification was in turn reified. Here starts the scene with the false exit of a generalized autism.
(Joseph Gabel in The False consciousness)
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Subtitles:
the whiteness of an abstract concept is the work of the secondary process.
consciousness must let the concept sink into the unconscious matrix
to seek new connections with other undifferentiated ideas .
for an unconscious vision with his unlimited power of dedifferentiation.
an image individualizing the light in terms of a new model which
is neither wave nor particle, but both at once, would not present
any problem, but the secondary process cannot yet transforme
this elusive serial structure into an abstraction based on a disciplined scanning
of its complementary transversals, which transcend
existing distinctions. the schizophrenic dreads
dedifferentiation which is equivalent to his eyes in death.
He failed to create in his unconscious
a matrix for unconscious networks .
all he knows to do is copy the process of dedifferentiation to a
conscious level which is impossible, so he is only
able to break his rigid imagery .
(Anton Ehrenzweig in The hidden order of art)
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Voice:
It has often described the catatonic stupor in which all the machines seem to be adopted
and where the schizophrenic freezes in attitudes that can keep for days or years.
And it is not only the time periods that distinguish the processual types and the moments of catatonia,
a struggle seems every moment to occur between exacerbated working of the machines
and catatonic stasis of the body without organs as between two poles of schizophrenia.
Always excitement, momentum slip in the catatonic stupor.
Still stupor and catatonic stasis in the swarming of the machines
as if the body without organs has never finished to fall back on machinic instincts, as if ....( the text slides under music)
...metastable ... in which a subject passes.
(Deleuze-Guattari in Anti-Oedipe)
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In a given landscape, and at a given angle, one minute to another endless forms pass. How to manage forms, polish up the landscape, by what scientific means redivide synthetic mass of time and forms for, choosing the angle, find the appearance of an absolutely transitional aspect of a specific landscape, at a given angle and at a certain time . To put it well the problem seems rather unsolvable because it seems impossible to reduce the things that have ten billion different aspects depending on the person who saw them when she saw them and where she was placed in a look sufficient and significant enough and materialized also to be determined and captured.
Rather than somewhere projected views, like the rocks in the Alps that have kept visual or optical track of the passage of Hannibal (and why not take the form of countless clouds, trees bent by gales, and the passage of mule and flocks throughout the course of countless times - and the means then to unravel it all, take stock and find things in the state they were in the second we were interested), rather, I say, that this projected view, flat, and as ready for the cameras, is not it more philosophical to represent things according to their inner perspective and taking place without visual expanse of space as the sense of a mirror in which nobody was looking.
(Antonin Artaud in Letter to Leon Daudet)
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But here is the singular. This opposition and tension, if they coincide an instant with the process, however, have essentially nothing in common with him, since they do not correspond with the timing of its appearance, they belong to life as a whole, they form the strongest demand and more conscious intention constantly deepened and sustained, so that schizophrenia seems to be only the projection at a given time and at a certain level. The point of the trajectory where the truth of existence as a whole, become the mere poetic assertion, sacrifices normal conditions of possibility, continues to sound the depths of the impossible as pure speech, the closest to the undetermined and yet the highest, unbased speech, based on the abyss. What promises to be as by the fact is that the world is destroyed.
(Maurice Blanchot in The Madness above all)
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